vendredi 2 juillet 2010

mipromalo



On évalue les comptes.
Le 20ème conseil d’administration de l’institution s’est tenu mercredi dernier à Yaoundé.

Cinq mois seulement après la dernière rencontre, le conseil d’administration de la Mission de promotion des matériaux locaux (Mipromalo) s’est réuni une nouvelle fois hier. Autour de Maurice Doube, le nouveau président du conseil d’administration (Pca), il s’est agit de vérifier la conformité de l’exécution budgétaire de la structure et l’état d’avancement des recommandations énoncées lors du 19ème conseil d’administration, notamment le projet de construction d'une briqueterie à échelle industrielle.
Selon Maurice Doube, « l’équipe en place à parfaitement gérer les choses », les chiffres cadrent avec les différentes dépenses enregistrées. L’on se rappelle que le budget de 891 millions F cfa avait été validé en janvier. A cette somme s'ajoutent certains reports de 2009. Pour les recommandations énoncées la session passée, « nous sommes en train d’installer l’usine de ciment industriel de fabrication de briquette. L’achèvement de cette mission nous permettra de répondre à l’interpellation du gouvernement, l’année passée, sur la construction de 10.000 logements sociaux. Nous tenons à honorer la confiance qui a été placé en nous », a ajouté Maurice Doube. Actuellement, le Mipromalo produit 60.000 briquettes de terre par an. Avec l’usine industrielle, la production annuelle passera à 30 millions de briquettes selon les explications de la directrice de la Mipromalo, Uphié Chinje Melo.
Avec la volonté du gouvernement de voir la Mipromalo s’impliquer d’avantage dans la construction de logements et d’établissements publics, l’institution a coordonné la mise en place de deux grands fours de cuisson de briquette. Ceux-ci sont situés dans les villes de Yaoundé et Douala. Une action que Maurice Doube range dans les défis permanents que doit relever la structure pour augmenter la quantité de la production de matériaux locaux.
Muriel Edjo

jeudi 1 juillet 2010

Cannabis, cocaine, cigarette, barbituriques… les drogues empoisonnent le Cameroun

10.000 Kg de cannabis saisis en 6 ans
Le pays est devenu la plaque tournante de la sous-région Afrique centrale avec une accélération de la consommation et de la production.

La 23ème journée internationale de lutte contre l’abus et le trafic illicite des drogues s’est célébrée le jeudi 24 juin 2010. Au Cameroun, c’est sous le thème : « Pense à ta santé, pas de drogue dans ta vie, informe-toi, engage-toi » que les activités ont eu lieu. Présidées par André Mama Fouda, le ministre de la Santé publique, elles ont été l’occasion de jeter un regard sur l’ampleur du phénomène dans le pays.
Selon le commissaire Félix Bourssamon, le chef service des enquêtes et des expertises à la direction de la police judiciaire, le Cameroun est devenu la plaque tournante de la sous-région Afrique centrale en matière de drogue. De simple pays de transit dans les années 90, il est devenu zone de consommation, de destination et de production dans les années 2000. Il s’agit surtout des drogues telles que le cannabis, la marijuana et le chanvre indien. « Ces drogues entrent en terre camerounaise par voie aérienne, terrestre et maritime », précise Félix Bourssamon. D’après le rapport de 2001 de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (Oics), « les grands axes d’entrée de la drogue au Cameroun sont la République démocratique du Congo et le Nigéria. La production nationale quant à elle est exportée vers l’Europe ». D’après le même rapport, la drogue synthétique a également libre cours à cause du commerce des médicaments de la rue. Les barbituriques, qui sont des calmants, sont ainsi détournés de leur objectif premier, tout comme les amphétaminiques qui sont souvent des médicaments antidépresseurs. Selon le plan national stratégique contre la drogue et la toxicomanie, de 1999 à 2005, 619 personnes ont été interpellées. Plusieurs hectares de champs de cannabis ont été détruits ; plus de 10.000 kg de cannabis saisis. D'autres substances psychotropes, dont 7.000 comprimés de Diazépam et de nombreuses boulettes de cocaïne, ont été saisies.
Aujourd’hui, selon le Comité national de lutte contre la drogue (Cnld), la situation de la drogue au Cameroun est inquiétante. Selon André Mama Fouda, les jeunes de 20 ans sont les plus touchés. 60% d’entre eux ont déjà goûté à la drogue. Un jeune sur quatre prend de la drogue. 37% consomment du tabac et de l’alcool, qui sont des drogues licites.
Muriel Edjo


Centre Vie
A l’écoute des toxicomanes
Créé en 2000, l’établissement est surtout spécialisé dans la recherche et la documentation.

Le « Centre Vie » est situé dans l’enceinte de l’Hôpital central de Yaoundé. Logé dans le bâtiment qui abrite le pavillon dédié à Laurence Vergne, la jeune chercheuse française en biologie tuée à Yaoundé en 2007, il semble vide ce vendredi 25 juin 2010. Tout est calme, mais de légers bruits indiquent qu’il y a de l’activité derrière les portes closes des bureaux. A l’entrée de la salle de conférence destinée aux réunions d’écoute, un babillard présente plusieurs documentations sur les méfaits de la drogue. A l’intérieur de la salle, de grandes fenêtres vitrées laissent passer abondamment de la lumière et de l’air. Dans un coin, des chaises rangées autour d’une table indiquent bien le coin destiné aux discussions.
La responsable du centre, Madeleine Boanimbeck, est enfermée dans la salle de documentation. C’est elle qui est chargée d’accueillir les personnes qui sollicitent se faire désintoxiquer. Le centre a déjà orienté 325 patients vers des centres de santé et des psychologues. Madeleine Boanimbeck explique que le centre est surtout spécialisé dans la recherche, l’information, la sensibilisation, le sevrage. « Nous recueillons des données sur la drogue au Cameroun, que nous mettons à la disposition des chercheurs et des institutions. Nous faisons aussi des campagnes de sensibilisation envers les jeunes, mais cela n’empêche pas que des toxicomanes reçoivent de l’aide auprès du centre. Nous les écoutons surtout. C’est une phase très importante de leur processus de guérison. Les toxicomanes ont beaucoup à dire, ils ont besoin de raconter ce qui les a poussés à tomber dans ce travers. Les personnes en cure viennent travailler en réunion au centre ou peuvent le faire au téléphone, si elles veulent. Lorsque le cas est trop grave, nous les orientons vers les psychologues ou les centres spécialisés », affirme Madeleine Boanimbeck.
Crée en 2000, le centre a, à ce jour, aider au sevrage de 3 drogués, 6 tabagiques et 5 alcooliques.
M. E.


paul patrick mballa
Le décès de son père lui a sauvé la vie
Ancien toxicomane, il avoue avoir fait l’expérience de plusieurs drogues.

Aujourd’hui, il dit connaître enfin le bonheur. Cela fait cinq ans qu’il est « clean », terme pour dire sobre dans le jargon des drogués. Le jeune homme de 31 ans, ingénieur en informatique, affirme avoir pendant longtemps consommé de la drogue. C’est en classe de 3ème, au foyer Jeanne Irène Biya de Mvomeka’a qu’il découvre la drogue. « J’ai commencé à fumer par ignorance et par effet de groupe. C’était du cannabis. J’allais fumer dans les champs avec des garçons plus âgés que moi. On enroulait les herbes dans les feuilles de bananier séchées. Pour être populaire et passer pour un dur à cuire, il fallait avoir un joint (mégot de cannabis, Ndlr) au coin de la bouche », déclare-t-il.
Pendant le reste de son cycle secondaire, il continu à se droguer jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. Il avoue que sa réussite, il la doit à son père qui l’a toujours mis sous pression, pour qu’il étudie. Lorsqu’il quitte le Cameroun pour des études supérieures en informatique au Maroc, il change de registre. Il fait l’expérience du hachisch, qu’il fume, et de la cocaïne, qu’il « sniffe ». Ses habitudes changent alors : il se coupe du monde et devient agressif. La dépendance s’installe. L’argent prévu pour ses études est utilisé pour se procurer ses doses. Mais sur insistance de son père, qui demande des nouvelles sur ses études, il reprend les cours.
Quand il obtient sa licence en informatique, il va au Portugal pour se spécialiser. Son meilleur ami, Désiré Ackpi, un Ivoirien et lui s’adonnent à la drogue sans retenue. « Un jour, Désiré s’est déshabillé et a commencé à marcher nu dans les rues. L’ambassade de la Côte d’Ivoire l’a aussitôt rapatrié. Cet incident m’a fait songer à arrêter, je ne voulais pas finir comme ça. Puis mon père est décédé. Il était le lien qui me ramenait toujours de force sur le droit chemin. Je me retrouvais brusquement responsable de ma mère et de mes frères et sœurs. C’est là que j’ai découvert ce que sont les responsabilités. Impossible d’arrêter seul ; j’ai demandé de l’aide à mon oncle. Il m’a conduit au Centre vie de l’Hôpital central de Yaoundé, où j’ai suivi une cure. J’ai remonté la pente. J’ai une petite amie que j’aime et un emploi. Une fois de plus, mon père m’a sauvé ».
M. E.


Flore Ndembiyembe
« La drogue se retrouve déjà un peu partout »
Le secrétaire permanent du Comité national de lutte contre la drogue évoque le dispositif anti-toxicomanie au Cameroun.

Quelle est l’ampleur de la consommation de la drogue au Cameroun ?
Au Cameroun, la drogue se retrouve déjà un peu partout. Ce n’est plus seulement une affaire de rue. Tous les milieux sont concernés, aussi bien les lieux de travail, l’école, etc. Les drogues les plus courantes sont le cannabis, la cocaïne, l’héroïne, le chanvre indien, la colle, l’ecstasy, les amphétamines. Le cannabis et le chanvre indien sont les plus consommés au Cameroun, parce que certains paysans en cultivent dans leurs champs pour joindre les deux bouts. La colle, on peut s’en procurer un peu partout. Il faut noter que les médicaments de la rue sont aussi une source d’approvisionnement de certains toxicomanes qui les détournent ainsi de leur usage premiers. 60% de jeunes ont déjà goûté à de la drogue, même involontairement. Dans les régions septentrionales, ces enfants qui réparent souvent les roues des motos aspirent les effluves de colle. Ils se droguent involontairement. Quant aux statistiques locales sur l'ampleur du phénomène, il n'existe pas de chiffres fiables sur la question. Mais les individus touchés se retrouvent autant dans les zones rurales que dans les zones urbaines.
Comment se décline la politique nationale de lutte contre ce fléau ?
En 1992, un comité interministériel comportant 18 ministères a conclu à la création du Comité national de lutte contre la drogue (Cnld). Les missions du Cnld sont la coordination et l’examen de tous les problèmes relatifs à l’usage illicite de stupéfiants et à l’abus des drogues. Ce comité doit participer à la lutte contre toute forme de consommation abusive et illicite de substances toxiques, naturelles ou synthétiques ayant en commun d’être des substances psychotropes. De ce fait, le comité travaille avec plusieurs structures comme la police ou encore l’office des Nations unies pour la drogue. Un plan national de lutte contre les médicaments de la rue est également en cours. L’existence d’une loi antidrogue et les activités de sensibilisation nationale sont aussi à noter dans le cadre de cette lutte.
Comment s’effectue la prise en charge des drogués ?
Il existe des cellules d’écoute pour les toxicomanes. La prise en charge est encore limitée au niveau psychologique. Il se pose même un problème de quantité de psychologues pour venir en aide aux personnes souffrant de dépendance. A cela s’ajoute l’absence de structures appropriées dans le traitement des toxicomanes.
Propos recueillis par M. E.

Conseils pratiques
Refuser toute substance

• Etre poli, mais ferme
Il faut dire clairement aux autres que vous ne désirez pas consommer de drogues, sans leur dire qu'ils sont dans l'erreur. Respecter ses propres choix quand on sait qu'on a raison n'a rien de désagréable. D'ailleurs, vous pourriez gagner le respect des autres, c'est-à-dire ceux qui, comme vous, désirent éviter les drogues.
• Donner les raisons de votre refus
Je ne veux pas.
Je n'ai pas le goût.
Je dois rentrer bientôt à la maison et j'aime mieux éviter les problèmes.
Je n'ai pas d'argent.
Exprimer ce qui est important à vos yeux
Les drogues ont une incidence sur les autres volets de votre vie, comme le sport, les relations sociales, la musique, la famille, le travail, les études et d'autres activités. Choisissez un aspect qui vous paraît important, et signifiez à votre entourage que vous ne souhaitez pas ruiner tout ça à cause des drogues.
Éviter les situations propices à la consommation
Certains endroits sont plus propices que d'autres à la consommation de drogues, et certaines personnalités y sont plus portées. Pour réduire les risques de se voir offrir des drogues, il faut éviter de côtoyer des personnes qui ont tendance à faire usage de drogues. Eviter de fréquenter des endroits propices à l'usage de drogues (boîte de nuit, bars, etc.).

Conseils pratiques aux drogués

• Il faut partager avec quelqu’un de confiance, les raisons qui vous poussent à prendre des drogues et des substances illicites.

• Evaluer les avantages et des inconvénients de votre choix, aussi bien sur le plan personnel que social.

• Ne pas présumer de votre volonté en essayant de vous en sortir tout seul. Il faut demander de l’aide en allant vers un centre habilité à gérer ce genre de problème.

• Vouloir véritablement abandonner la consommation de la drogue

• Eviter les endroits à risque où vous pourriez succomber à la tentation de reprendre de la drogue
Source : Organe international de contrôle des stupéfiants


Drogue dure/drogue douce

Une drogue est un composé chimique, biochimique ou naturel, capable d'altérer une ou plusieurs activités neuronales et/ou de perturber les communications neuronales. Certaines drogues peuvent engendrer une dépendance physique ou psychologique. Leur usage peut avoir pour conséquences des perturbations physiques ou mentales. Pour désigner les substances ayant un effet sur le système nerveux, on parle plus généralement de psychotrope. Un stupéfiant, aussi appelé drogue, est un psychotrope interdit ou sujet à une réglementation, souvent parce qu'il est susceptible d'engendrer une consommation problématique. Le terme « drogue » recouvre essentiellement deux aspects : la nature des effets biologiques que la drogue induit, d'une part, et d'autre part, les rapports que celui qui la consomme entretient avec elle. Il faut qu'un composant chimique donné soit consommé pour qu'il puisse répondre à l'appellation de « drogue ». Le mode et la fréquence de consommation influe directement sur l'accoutumance ou la dépendance au produit.
Le terme drogue dure qualifie des substances à même de provoquer une dépendance psychique et physique forte. Ce terme désigne généralement les dérivés de cocaïne et d'héroïne. Ces termes sont apparus lors de la mise en place des réglementations internationales concernant les drogues. Le terme de drogue douce désigne presque exclusivement le cannabis, du fait que celui-ci provoque une dépendance mentale très faible et que le risque de décès par surdose est nul. Les personnes qui prennent de la drogue souffre généralement de divers maux dont les plus significatifs sont : l’agressivité, la perte d’appétit, l’amaigrissement, l’insomnie, le ralentissement du rythme cardiaque, la dépendance. Elles augmentent aussi le risque d’attraper des maladies comme le Vih/sida, l’hépatite.

Source : Organe international de contrôle des stupéfiants

A votre avis : Que pensez-vous de ceux qui s’adonnent à la drogue ?

Patrick Kouagna, fonctionnaire retraité
« Ce sont des gens simplement égarés »

Ce sont des gens qu’il faut aider. Ils ont choisi de consommer la drogue parce qu’ils ont beaucoup de problèmes et ne savent plus comment faire pour les résoudre. Quelque part, ils sont courageux, parce qu’ils préfèrent ne pas se suicider comme certains. Ils trouvent juste un moyen de faire une pause, en se réfugiant dans ce semblant de paix. Malheureusement pour eux, c’est un piège dont il est difficile de sortir, si l’on n’a pas une volonté ferme. Ce sont des gens simplement égarés.

Hervé Gervais Bengono, étudiant
« Ce sont des dangers ambulants »

Ce ne sont plus des personnes raisonnables et logiques. Ils n’appréhendent plus la vie de la même manière que tout le monde. Les drogués sont des dangers ambulants. Ils sont capables de tuer, sans retenue. Ce sont des robots commandés par leur envie de prendre leur dose de drogue. Et dans cet état, ils sont prêts à tout, même à faire du mal à leurs proches. Il est judicieux de les arrêter et de les enfermer dans une structure appropriée, où ils pourront redevenir eux-mêmes.

Mustapha Hassani, tradipraticien
« Il faut les arrêter »
Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Les drogués circulent dans la ville, sans s’inquiéter le moins du monde. La police les voit sans rien faire, et pourtant, ce sont des personnes dangereuses. Les agressions au niveau de l’Avenue Kennedy dans la nuit sont en partie l’œuvre des drogués qui y demeurent. Il faut les arrêter et les mettre dans un endroit où ils ne pourront plus représenter un danger pour les autres. Ils peuvent même proposer de la drogue à nos enfants qui côtoient cette zone.
Propos recueillis par M. E.