mercredi 5 octobre 2011

« Nous continuerons à revendiquer »


Thomas Messanga Ngono. Le président du syndicat national unitaire des instituteurs et des professeurs d’écoles normales (Snuipen) revient sur leur situation professionnelle en cette célébration de la journée mondiale des enseignants le 05 octobre 2011.

Où en est le syndicat dans ses revendications ?

Pour le moment, on peut dire que nous sommes en stand-by parce que les négociations se poursuivent au niveau du ministère de l’Education de Base et aussi au regard de la période électorale dans la quelle le pays se trouve actuellement. Nous avons obtenu que le nombre de candidat au concours spécial pour le recrutement de 200 instituteurs de l'enseignement général passe à 500. La date de ce concours a aussi été reportée. Initialement prévue en juin 2011, le concours a été reprogrammé en novembre. Mais nous pensons que tout cela est timide au regard de toutes nos attentes envers le gouvernement.

Sur quoi portent t-elles?

Recrutés en qualité d'instituteurs contractuels, nous voulons devenir des Instituteurs de l’enseignement général et donc fonctionnaires. Notre statut actuel est porteur d'injustices. Sur le plan salarial, nous avons un écart de plus de 50.000 Fcfa avec nos collègues fonctionnaires. Le travail qu’ils font, nous le faisons, nous sommes sortis de la même école de formation. Pourquoi cette disparité dans le traitement. Il y a le problème de l’âge de départ à la retraite. Chez les instituteurs vacataires, il est fixé à 55 ans alors que pour nos collègues fonctionnaires, c’est 60 ans. Pourquoi cela ? Jusqu’à présent, nous attendons toujours qu’une réponse nous soit donnée au sujet du financement Pays pauvres très endettés qui permet le payement de nos salaires et qui doit prendre fin en décembre prochain. Que deviendrons-nous après? Nous réclamons des solutions à tous ces problèmes et nous continuerons à les revendiquer si elles ne sont pas trouvées.

Comment appréhendez-vous la célébration de la journée mondiale des enseignants ?

Les autres peuvent fêter, ils ont quelque chose à célébrer. Selon les textes du ministère de l’Education de base qui nous qualifient comme personnel non-enseignant, le Snuipen peut dire au nom de ses membres que la célébration de cette journée ne nous concerne pas. Nous le disons ainsi parce que c’est quelque chose de paradoxale. Nous devrions donc être affectés dans des bureaux. Mais nous nous retrouvons à dispenser des cours dans des salles de classe. Pourquoi nous demande-t-on de dispenser des cours si nous ne sommes pas le personnel enseignant ?

Propos recueillis par Muriel Edjo

dimanche 2 octobre 2011

Les assureurs font de la prévention



Accident de la circulation. Leurs états généraux sur la sécurité routière ont pris fin hier à Yaoundé.

Selon Fonkah Evaristus Chofor, le directeur régional Centre, Sud et Est de Zenithe Insurance, l’assurance automobile concerne en général un certain nombre de points, au choix du propriétaire : incendie, vol, bris de pare-brise, etc. Mais le point responsabilité civile est obligatoire pour tout véhicule, comme le stipule le code de la Confédération interafricaine des marchés d’assurances (Cima). « C’est l’obligation d’indemnisation pour tout dommage causé à quelqu’un par son véhicule. En cas d’accident de la circulation, si la responsabilité du conducteur contractant de l’assurance est avérée, sa compagnie d’assurance indemnisera les victimes ». C’est aussi une forme de préservation du conducteur fautif des conséquences pénales qui auraient pu être soulevées par ses torts. Mais en Afrique, plus de 50% de voitures roulent sans assurance responsabilité civile automobile, explique Jean Claude Ngoua, secrétaire général de la Cima. Ceci parce que leurs propriétaires refusent parfois de suivre les recommandations des assureurs sur l’état de leur véhicule. Dans ce cas-ci, en cas d’accident qui coute la vie à des personnes, le chauffeur fautif sera poursuivi pénalement, sa liberté mise en jeu, hormis la peine pour conduite en violation de la loi.

Au Cameroun, les accidents de la circulation sont causés entre autres par le mauvais état des routes, le non-respect de la réglementation, la vétusté des véhicules. Selon Protais Ayangma, le président de la Fédération des sociétés d’assurance de droit national africaines (Fanaf), « en 2009, 1450 personnes sont décédées au Cameroun dans des accidents de la circulation». Mais leur nombre sans cesse croissant est un problème financier pour les compagnies d’assurance, contraintes de payer un nombre important de sinistres chaque année.

Au final, réduire les accidents de la circulation en mettant l’accent sur la prévention devient une nécessité pour les assureurs, mais plus encore pour les populations. C’est dans cette mesure que les états généraux de la Fédération des sociétés d’assurance de droit national africaines (Fanaf) se sont tenus du 26 au 27 septembre 2011 à Yaoundé. Les travaux ont regroupé des compagnies d’assurances d’Afrique centrale et de l’Ouest. Dix recommandations ont été arrêtées au terme des travaux. Entre autres, la mise sur pied d’une structure chargée de la prévention routière financée par le gouvernement et les assureurs. Essimi Menye, le ministre des Finances, a annoncé que des réductions sur les droits de douanes pour les pneus neufs et un rabattement de 50% sur les véhicules de moins de cinq ans d’âge est envisagé pour encouragé les populations à acquérir des voitures plus neuves.

Muriel Edjo

Parler de sexualité aux enfants


Education sexuelle. Le sujet est encore tabou dans bien de familles. Pourtant, aborder la question peut éviter des expériences malheureuses.
Dans des familles camerounaises, l’éducation sexuelle des enfants reste un sujet très sensible. Plusieurs parents redoutent le moment où ils devront discuter de comment « on fait les bébés » avec leurs enfants.
Maurice Mename, père célibataire de deux adolescentes âgées de 12 et 14 ans, pense que ses filles sont encore trop jeunes pour les entretenir sur la sexualité. « Ce n’est pas facile pour un homme de parler de ce genre de chose avec ses enfants, des filles en plus. Si déjà pour leurs menstrues, j’ai eu tout le mal du monde à leur expliquer, parler de sexe, c’est trop me demander. Leur expliquer comment on fait l’amour, leur corps et tout le reste, c’est au-dessus de mes moyens. La première fois, c’est ma voisine qui m’a aidé, je crois que je vais encore l’appeler au secours lorsque le besoin se fera sentir», avoue le papa.
Paulin et Olive Mbatcha, parents de quatre enfants, dont un garçon de 14 ans et une fille de 17 ans, estiment que parler de sexualité aux enfants peut au contraire les traumatiser. « Il faudra leur parler des maladies liées à la sexualité, des risques de grossesse. Autant de choses qui pourraient les bloquer psychiquement dans leur développement sexuel. Il faudra même leur parler de Sida. C’est encore trop tôt pour nous. On leur parlera de cela un jour ou l’autre, mais pas maintenant », s’excuse Paulin Mbatcha.
D’autres personnes, comme Véronique Nkoa, mère célibataire de trois fillettes de moins de 11 ans, ont trouvé une solution pour contourner cette barrière. Elle a inscrit ses enfants à l’association des jeunes de la paroisse catholique qu’elle fréquente, pour qu’ils aient, tout au long de leur croissance, la meilleure éducation possible. A l’église, on leur parle de leur corps, des différentes relations entre les hommes et les femmes. Léon Marcellin Noah Noah, curé de la paroisse St Joseph d’Emana, explique que « l’Eglise a prévu des enseignements pour permettre aux enfants et aux adolescents de ne pas se perdre sur le chemin de leur croissance. Aussi, des groupes d’éducation, d’écoute et conseils ont été créés dans certaines chapelles. Nous leur apprenons à découvrir leur corps, à le connaître, à l’honorer, parce qu’il est le temple du Seigneur. Nous leur conseillons aussi l’abstinence sexuelle hors mariage pour ne pas tomber dans les pièges de la vie. Il faut savoir que mal conseillés ou pas du tout, les enfants se retrouvent souvent à faire des expériences par curiosité. D’où les cas de grossesse de filles de moins de 18 ans que l’on rencontre dans les familles. Et ça, c’est le moindre mal : les plus malchanceux se retrouvent souvent porteurs de maladies comme le Sida».
Pour ses enfants, Salim Alilou a trouvé une astuce « Dans la famille, ce genre de discussion, les filles l’ont avec leur mère. C’est elle qui leur parle de leur corps, comment en prendre soin, comment se comporter face à un garçon, etc. Moi, je discute avec les garçons. C’est plus facile lorsque chacun de nous s’entretient avec un enfant du même sexe que lui : quand vous expliquez, vous avez les meilleurs mots pour lui faire comprendre le message que vous voulez faire passer, puisque vous lui parlez en quelque sorte de vous à son âge. Il est vrai que je ne vais pas jusqu’à leur dire comment il faut faire la chose, non, mais je leur explique plutôt à quel âge ils doivent le faire. 21 ans, quand ils sont déjà majeurs, c’est mieux. Mais il faut aussi leur expliquer les méthodes de protection pour les mettre à l’abri d’une maladie. Dans les assemblées des femmes et des hommes, les jeunes sont aussi éduqués pour leur entrée dans la vie d’adulte. Le sexe, la vie en société, le respect du corps de l’autre sont des points qui sont abordés ».
C’est clair, à chacun son approche. Mais, avec la prolifération des chaînes de télévision étrangères qui a favorisé l’émancipation des enfants, les appréhensions de beaucoup de parents sont devenues dérisoires. Ce qu’ils ne soupçonnaient même pas est devenu réalité à leur insu. « J’ai été surpris de découvrir que ma fille a un petit-ami. Elle n’a que 18 ans. Je ne veux même pas imaginer ce qu’ils ont déjà pu faire ou font tous les deux. Sa mère m’a confié qu’elle a trouvé des préservatifs dans son sac. Pour moi ce n’est encore qu’une enfant. C’est difficile à concevoir », affirme Gervais Monebene, un parent. « Lorsque des films d’amour passent à la télévision, c’est moi qui suis plutôt gêné lorsque des scènes d’amour ou de baiser sont projetées. Eux, ils n’ont aucun problème. J’évite même d’avoir des gestes doux envers mon épouse devant eux. En fait, c’est moi qui suis devenu l’enfant devant eux », ajoute Gervais.
L’expérience des aïeux
Selon le Dr Célestin Ngoura, anthropologue et enseignant à l’université de Yaoundé I, aujourd’hui les parents n’assument plus leur rôle. Tout cela résulte du fait qu’ils se sont détournés de leurs traditions, trop absorbés par la société moderne. D’après lui, avant, tout était défini au sein de la société traditionnelle pour que l’éducation des enfants soit de qualité, gage pour en faire de bons membres. Elle passait par des étapes précises. « Dans toutes les sociétés traditionnelles africaines, quatre étapes étaient arrêtées : de l’accouchement au sevrage de l’enfant, du sevrage à la chute des premières dents, puis l’apparition des signes de puberté. Enfin l’entrée dans la phase adulte. Donc pour le négro-africain, les sociétés traditionnelles camerounaises, la chute de la dent marquait le début de l’adolescence. L’éducation était alors renforcée et l’éducation sexuelle de l’enfant entrait alors en compte. Ce ne sont pas les parents qui le faisaient. Parler de sexe entre parents et enfants a toujours été un sujet tabou. C’est le cas par exemple chez les Voutés dans les localités de Ntui, Mbandjock ».
Le Dr Ngoura ajoute que « c’est pourquoi les parents orientaient toujours leur progéniture vers la sœur du père ou vers la grand-mère ou une femme âgée, qui leur expliquerait tout cela. Ainsi, celle-ci commençait à sensibiliser la fillette dès la chute de sa première dent en lui disant qu’elle grandit et qu’un de ces jours, elle aura une perte de sang sans blessure. Pour le garçon, c’était l’apparition des premières sécrétions de sperme au cours de la nuit. Mais, tout commençait véritablement pour le garçon avec la circoncision. Chez les filles, c’était l’apparition des règles et des seins. Les garçons étaient ensuite emmenés en forêt par un ancien bien initié, pour une durée de six mois. Là-bas, ils découvraient leur corps, les spécificités du corps des hommes, différent de celui des femmes. Il leur était également enseigné comment les bébés sont faits. Pour les filles qui restaient au village, ce sont ces femmes âgées qui faisaient leur enseignement. Comment se laver, quand faire l’amour avec un homme, comment concevoir, le respect de son corps ».
Tout cela concourait à la formation d’un être équilibré, utile à la société parce que, plus tard, lui aussi aurait la responsabilité de transmettre les savoirs aux jeunes générations. Bref, la société traditionnelle apprenait le savoir-être et le savoir-faire. « La société moderne nous a éloigné de nos traditions, a dilué nos fondements culturels, et l’ouverture sans réserves aux cultures étrangères, qui montrent une autre manière d’être et de faire, a tout chamboulé », soutient Célestin Ngoura. « Il est important que les Camerounais retournent à leurs valeurs, à leurs cultures et traditions. Nos cultures ont intégré tous ces pièges pour éviter aux enfants de faire des choses avant le moment. C’est parce que nous avons tourné le dos à tout cela que notre société va mal. Les fillettes qui couchent avec des garçons avant l’âge, les habillements osés et autres déviances sexuelles. Les parents doivent reprendre leur rôle d’éducateur. Ils croient qu’en repoussant sans cesse cette responsabilité, ils résoudront le problème. Au contraire, ils aggravent la situation, parce que les enfants découvriront tout, tôt ou tard. Et ils le découvriront mal surtout», pense-t-il.
Muriel Edjo

Les sourds désirent communiquer

Etude. Selon un rapport de la Giz sur leur prise en charge médicale, le problème est la difficulté du dialogue avec le personnel médical.

Mercredi dernier, la Giz, ong de coopération allemande, a rendu public un rapport sur la prise en charge médicale des sourds au Cameroun. C’est un plaidoyer de l’Association bouche pour les sourd d’Afrique (Absa). L’étude menée en juillet 2011 par Yvonne Kuhnke, dans la région du Centre, s’est concentrée dans diverses aires de santé, notamment celles du département du Mfoundi. Il ressort de ce rapport que les personnes sourdes ont accès au soin de santé comme toutes les autres personnes. Mais, le problème dans leur prise en charge coince au niveau de la communication. En effet, le personnel soignant a du mal à se faire expliquer les symptômes parce qu’il ne connait pas le langage des signes ? pour discuter avec les patient sourds.

De ce fait, les malades sourds sont obligés d’êtres toujours accompagnés de leurs parents ou d’un tiers qui pourra servir d’interprète. Une situation qui soulève d’autres problèmes, notamment la confidentialité de certains résultats ou encore la discussion de sujets gênants. A cause de ces difficultés de communications, la majorité des personnes sourdes ont des informations tronquées sur les modes de prévention de certaines maladies comme le Vih/Sida ou le paludisme. En cas d’urgence, leur prise en charge rapide est aussi fortement compromise à cause de la difficulté à communiquer. D’après Yvonne Kuhnke, l’auteure de la recherche, c’est ce blocage communicationnel qui est à l’origine de la frustration et du repli sur soi des personnes malentendantes. C’est d’ailleurs pour sensibiliser les pouvoir publics sur l’utilité d’un environnement communicationnel propice aux personnes sourdes que s’est célébrée la journée mondiale des sourds le 25 septembre 2011 au Cameroun. Le thème choisi : « Accessibilité, liberté d'expression et d'opinion, et accès à l'information ».

Le Cameroun compte 500.000 sourds et malentendants selon Innocent Djonthé, le président de l’association nationale des sourds du Cameroun (Anascam). Mais dans la majorité des institutions publiques, rares sont les personnes aptes à communiquer avec une personne sourde par le langage des signes. Par ailleurs promoteur du Centre d'éducation et de réhabilitation des sourds et malentendants de Bafoussam, Innocent Djonthé, dénonce même déjà la rareté des écoles de formation des sourds et des autres personnes au langage des signes. L’Absa appelle à une vulgarisation de la formation au langage des signes.

Muriel Edjo

Interrogations autour des Milda

Paludisme. Après le lancement officiel le 20 aout dernier, les populations demeurent toujours dans l’incertitude.

Près de deux semaines après le lancement officiel de la campagne de distribution gratuite de 8.654.731 moustiquaires imprégnées de longue durée d’action (Milda) au Cameroun par Philémon Yang, le premier ministre, les populations qui se plaignent de ne rien voir se concrétiser manifestent quelques inquiétudes. Plusieurs chefs de famille, comme Wilfried Ouambo installé au quartier Biyem-Assi, se plaignent de n’avoir pas encore reçu la visite des agents chargés du dénombrement comme annoncé par André Mama Fouda, le ministre de la Santé publique. « Si les agents de dénombrements ne trouvent personnes à la maison, vont-ils repasser ou alors c’est tant pis pour nous ? », s’interroge Albert Kom, chef d’une famille de 6 membres. Les inquiétudes se portent sur l’attitude à adopter au cas où les agents de dénombrement passent en l’absence des membres de la famille.

« Dans le cas où un ménage n’aurait pas été dénombré lors du passage des agents dans une zone, le chef de ménage ou son représentant est prié de prendre attache avec l’Organisation à base communautaire (Obc) en charge du dénombrement dans la zone afin que l’équipe puisse repasser dans ledit ménage. Si ce recours n’aboutit pas, il rencontrera le responsable de l’aire de santé auquel dépend cette zone qui le renseignera sur la conduite à suivre », explique Blanche Djofang, chargée de communication pour le changement de comportement à l’Institut pour la Recherche, le développement Socioéconomique et la Communication (Iresco). Au-delà même de ces inquiétudes, les populations disent ne pas ressentir grande effervescence autour de cette opération de dénombrement. Ce qui explique aussi d’une certaine manière leur flegme dans l’attente des agents de dénombrement. Entretemps, la communication pour le changement de comportement de l’Iresco se poursuit sur le terrain.

Dans les dix régions du pays, les stocks de Milda ont déjà été acheminés. Des cérémonies de lancement officiel de la campagne de distribution ont même déjà été effectuées par les gouverneurs de région. Une manière de considérer que la campagne a démarré effectivement partout.

Muriel Edjo



« La moustiquaire est gratuite »

Blanche Djofang. La chargée de communication pour le changement de comportement à Iresco explique comment se dérouleront les activités relatives à la distribution des Milda.

Après le lancement officiel de la campagne nationale de distribution des Milda par le Premier ministre, Philémon Yang, le 20 Aout dernier, les populations s’attendaient à ce que la distribution se fasse immédiatement. Qu’en est-il exactement ?

Il est vrai que les populations, principales bénéficiaires de cette initiative louable, s’attendaient à ce qu’on leur distribue les moustiquaires imprégnées les jours suivant le lancement national. Mais ce que nous devons comprendre, c’est qu’il y a certaines activités qui doivent préalablement être réalisées avant de passer directement à la distribution des Milda. Par exemple, le lancement officiel de cette campagne au niveau des régions par les gouverneurs selon un calendrier bien établi. Par la suite, passer à la formation des acteurs des aires de santé dans toutes les régions, puis à la formation des agents de dénombrement des ménages, la formation des distributeurs, le dénombrement des ménages, après quoi on passerait à la distribution proprement dite des Milda. N’oubliez pas que chaque région a ses spécificités qui peuvent en quelque sorte influencer ce calendrier et nous devons en tenir compte et procéder aux ajustements opérationnels.

Concrètement, à quel niveau sommes nous rendus dans toutes ces activités ?

Si je m’en tiens au calendrier officiel de la campagne nationale de distribution gratuite qui nous a été présenté, je pense que nous sommes de manière générale à la phase de dénombrement dans certaines régions. Elle se décline en deux phases, la formation des agents de dénombrements et le dénombrement des ménages.

En quoi va consister le dénombrement ?

Le dénombrement est une activité importante dans le projet. Il consiste à identifier les ménages en leur attribuant un numéro, relever le nombre de membre des ménages pour déterminer le nombre de Milda à leur donner, les enregistrer, inscrire le nombre exacte de Milda à attribuer à chaque ménage, inscrire ce chiffre sur un coupon ou voucher et le remettre au chef de ménage ou son représentant, indiquer le jour et le lieu de retrait de la Milda munis de son coupon et de sa carte nationale identité. La moustiquaire est gratuite.

Quel est le profil de ces agents chargés du dénombrement ?

Le dénombrement est une activité centrale dans le projet. Si le dénombrement est mal fait, nous ne pourrons pas arriver aux résultats escomptés, raison pour laquelle le projet a défini le profil de l’agent de dénombrement qui doit être formé et faire son travail de manière professionnelle. Le projet a prévu que les agents de dénombrement seront recrutés auprès des Organisations à base communautaire (Obc), opérationnels dans la localité du dénombrement. Ce sont donc des personnes qui sont supposées avoir une bonne maitrise de leur localité, et bien connues par les populations de cette localité. Etre de bonne moralité, avoir exercé des activités similaires dans la localité, maitriser tous les ménages et leurs effectifs. Les agents de dénombrement ne doivent en principe pas être des étrangers à la localité où ils opèrent.

Un conseil aux populations dans le cadre du dénombrement ?

Les populations doivent savoir que les Milda seront distribuées gratuitement. Il n’y a aucun franc à débourser. Elles doivent recevoir les agents de dénombrement et leur donner des informations exactes sur l’effectif de leur ménage. Elles ne doivent pas fausser les chiffres dans le but de prendre plus de Milda que prévu. Suivre soigneusement toutes les indications qui leurs seront données par ces agents. Tout a été fait sur la base des statistiques du dernier recensement de la population. Le paludisme est un problème de santé publique, les populations doivent aussi penser aux autres et ne pas être malhonnêtes. Les coupons qui leur seront remis ne s’achètent pas, c’est gratuit. Les familles doivent dénoncer tout agent de dénombrement qui tenterait de vendre ces coupons sur le terrain. Le dénombrement se fait dans les ménages et non dans les carrefours ou lieux publics. Les populations doivent réclamer leurs coupons originaux et non des photocopies, car aucune photocopie ne sera acceptée lors de la distribution. J’invite les populations à écouter la radio, regarder la télé, lire les annonces dans les lieux publics pour avoir des indications claires au sujet des activités et dates liées à la distribution des Milda.

Propos recueillis par Muriel Edjo