mardi 22 février 2011

Un magistrat tué à Yaoundé


Meurtre. Jeannot Biakan à Ngon, avocat général près la Chambre des Comptes de la Cour Suprême a été assassiné dans la nuit de jeudi dernier.
Le quartier Obobogo à Yaoundé s’est réveillé avec émoi le 18 février 2011. La veille, Jeannot Biakan à Ngon, avocat général près la Chambre des Comptes de la Cour Suprême a été abattu par des bandits à son domicile. Le lendemain, sa maison a été envahie par des voisins, des gendarmes, des membres de la famille et quelques collègues, venus en soutien moral à l’épouse et aux enfants. L’on a même aperçu Amadou Ali, le ministre de la Justice.
D’après des gendarmes sur les lieux, le drame s’est produit aux environs de 21h. Deux individus ont fait irruption dans la maison. Les bandits ont d’abord neutralisé le veilleur de nuit en lui tirant deux balles dans les jambes, puis séquestrés la nièce du défunt qui était dans la cour. Ce sont ses cris d’effroi qui ont alerté son oncle assis au salon, devant la télévision avec ses deux petites-filles. Sorti par curiosité, il se retrouve face aux hommes armés qui le trainent à l’intérieur. Ils lui demandent la clé de son véhicule de service et de l’argent. Dans sa chambre à coucher, son épouse, Simone Biakan à Ngon perçoit de l’agitation au salon. « Ce sont les cris de mes petites-filles qui m’ont alerté. J’entendais également des voix que je ne reconnaissais pas comme celles de la maison. J’ai guetté par la porte et j’ai vu mon mari avec un tabouret en main. Il discutait avec des gens qui lui demandaient la clé de sa voiture et de l’argent. Puis, ils l’ont entraîné au couloir qui mène aux chambres à coucher. Il a du frapper l’un d’eux parce que j’ai entendu quelqu’un s’indigner d’avoir été frappé. Puis ce sont des coups de feu qui ont suivi », raconte-t-elle. Le magistrat a été touché au cou et est mort sur le coup selon les déclarations de sa fille, juge d’instruction à Mbalmayo.
Les trois bandits ont ensuite défoncé la porte de la chambre à coucher de l’épouse. A sa sortie, elle trouve le corps inerte de son mari, baignant dans du sang. Il lui est aussi demandé de l’argent. Après une brève résistance, simone Biakan à Ngon remettra aux bandits 350.000 Fcfa. Ils fouilleront aussi la chambre du magistrat et trouveront les clés de sa voiture de fonction. Leur butin récolté, les trois hommes ont pris la fuite. Le véhicule de la victime a été retrouvé plus tard à la station Tradex du quartier Ahala. La dépouille du magistrat a été conduite à la morgue de l’hôpital général de Yaoundé. Des supputations mettant en rapport l’assassinat de Jeannot Biakan à Ngon avec son travail foisonnent déjà. Une enquête menée par la légion de gendarmerie du Centre a été ouverte.
Jeannot Biakan à Ngon meurt à 59 ans. Il était magistrat hors-hiérarchie. Il occupait les fonctions d’avocat général près la Chambre des Comptes de la Cour Suprême depuis près de trois ans.
Muriel Edjo

dimanche 13 février 2011

brève

Service minimum à Jamot
Depuis lundi dernier, le nombre de malades en attente de soins est important à l’hôpital Jamot de Yaoundé. Le personnel médico-sanitaire était en arrêt de travail jusqu’à hier. Les quelques infirmiers en activité semblaient surchargés. Dans un coin de la cour du centre hospitalier, quelques uns de leurs collègues sont assis. Devant eux, des pancartes sur lesquelles ont peut lire qu’ils revendiquent un certain nombre de droit notamment le payement « d’arriéré de quote-part dues et des frais provenant des Arv et du suivi biologique des Pvvs ». Ils s’indignent aussi de « l’introduction de médecins résidents en stage à l’hôpital Jamot dans la liste des bénéficiaires à la quote-part ».
M.E.

Grève à l’hôpital de Djoungolo
Comme à l’hôpital Jamot de Yaoundé, l’hôpital protestant de Djoungolo est secoué par une grève du personnel médical. Il revendique le payement de plusieurs mois d’arriérés de salaire. C’est le service minimum qui est en place ici. L’hôpital est timide, les couloirs son presque vides. Au portail principal de la structure l’on peut lire « Chers malades, vous êtes les bienvenus à l’hôpital de Djoungolo, mais que Dieu veille sur vous et vous accorde la guérison ». Plus loin il est écrit « Pas de travail sans salaire ».
M.E.

La Sémil et la Drpj enquêtent

Trafic de carburant. L’assassinat d’un policier au dépôt Scdp remet au jour ce problème.
L’inspecteur de police Osvald Piang est mort vendredi dernier, abattu par un militaire. C’était à la Société camerounaise de dépôt pétrolier (Scdp), sur la route de Mvan. Hier matin, l’ambiance a été morose à son lieu de service, au Groupement mobile d’intervention (Gmi) n°1 de Yaoundé. Sur la véranda du bâtiment situé dans l’enceinte de l’école nationale supérieure de police, quelques uns de ses collègues discutent. Ils n’arrivent pas à se faire à l’idée qu’il est véritablement décédé, surtout dans des situations aussi dramatiques. Une de ses collègues, toute étonnée, rappelle à ses interlocuteurs qu’elle l’a vu il y a seulement deux jours. Ici, dans les commentaires qui ne cessent, l’on rejette la thèse de la « défaillance technique » de l’arme du militaire, comme l’a déclaré un gendarme descendu sur les lieux du crime vendredi dernier.
Selon Pierre Nith, le chef de la Délégation régionale de la police judiciaire (Drpj) du Centre, c’est une affaire de vente au noir de carburant. « Selon nos informations, le militaire qui a tiré a quitté son poste de faction à la Scdp lorsque le policier est arrivé. Il se seraient déjà vu dans la matinée de vendredi où ils se sont accrochés verbalement. Au retour du policer dans la soirée, ils ont encore eu un accrochage pendant lequel le militaire a dégainé son arme. On ne peut pas parler de défaillance technique de l’arme puisque le militaire a tiré à bout portant. La femme du policier nous a révéler que son mari venait acheter du carburant pour se rendre dans son village pour un deuil. Nous avons appris que plusieurs personnes se ravitaillent ainsi parce que c’est moins cher qu’à la pompe. Des citernes en provenance de Douala sont siphonnées et l’essence détournée est revendue à moindre coût».
Le militaire en question, le caporal chef Onana Mbia est actuellement enfermé dans les locaux du secrétariat d’Etat à la défense. L’enquête sur le terrain se poursuit. Elle est menée conjointement par la Drpj et la Sécurité militaire (Sémil). Le décès de l’inspecteur Osvald Piang relance le problème du commerce au noir du carburant, pratiqué avec la complicité de certains hommes en tenue en faction au dépôt Scdp de Yaoundé. L’on se souvient qu’en décembre dernier, lors d’une opération de police, des militaires et gendarmes avaient été arrêtés à Mvan pour trafic de carburant. Martin Mbarga Nguélé, le délégué général à la Sûreté nationale avait alors décidé que des équipes de police descendraient régulièrement sur le terrain pour que ce commerce illicite soit éradiqué.
Muriel Edjo

dimanche 6 février 2011

Les policiers se font discrets



Contrôles routiers. Désormais, on ne les aperçoit que le matin et le soir, lorsque la circulation est dense.
C’est la grande bousculade aux différentes routes qui conduisent au rond-point de la Poste centrale ce 31 janvier 2010. Les voitures, en grand nombre, essayent de passer l’une avant l’autre. Les feux tricolores fixés aux différentes entrées du carrefour ne sont plus vraiment considérés. Ils sont sans cesse violés par les nombreux automobilistes et piétons qui vont et viennent. Plus bas, vers la cathédrale Notre-Dame des Victoires de Yaoundé, des policiers tentent de remettre de l’ordre. Ils viennent en appui au dispositif électronique de gestion de la circulation.
Le 22 novembre 2010, Martin Mbarga Nguélé, le délégué général à la Sûreté nationale (Dgsn), a mis fin aux contrôles routiers sur l’ensemble du pays. C’était lors d’une rencontre des services centraux et extérieurs de la police. Le Dgsn s’est offusqué du comportement peu honorable de ses collaborateurs. A Yaoundé, en plus de réguler la circulation, les policiers sont revenus à des missions d’éducation et d’information. L’accent est mis sur le civisme des populations. A Biyem-Assi, les policiers du commissariat du 9ème arrondissement de Mendong sont sur le terrain dès 6h. Jusqu’à 9h, ils sont aux différents arrêts-taxis pour s’assurer que les usagers n’empruntent pas les voitures n’importe où. Ils évitent ainsi que se forme l’embouteillage. Du côté de Mvolyé, d’Olézoa ou encore du Cradat, d’autres policiers s’assurent chaque matin que la circulation reste fluide à ces endroits. Pas de désordre, une seule ligne pour tous. De temps en temps, ils arrêtent les automobilistes au niveau des passages cloutés pour permettre aux écoliers et autres piétons de traverser. Au centre-ville, les policiers que l’on rencontre orientent également des usagers dans la ville. Placée en face de l’immeuble Camtel, une vieille dame voudrait se rendre au « carrefour Régie ». Elle est vite renseignée par une jeune gardienne de la paix portant un casque blanc.
Dans la soirée, de 17h à 20h, on les retrouve encore sur la route. Ils s’assurent que les conducteurs ne créent pas de bouchons en se faufilant dans les files. Parfois, ils vont même jusqu’à improviser un cours express du code de la route aux chauffeurs désordonnés.
Gendarmerie
Comme les policiers, les gendarmes sont désormais aussi concernés par la suspension des contrôles routiers. Jean-Baptiste Bokam, le secrétaire d’Etat à la Défense en charge de la Gendarmerie nationale, l’a annoncé le 25 janvier 2011 au cours d’une sortie médiatique. Il a déclaré que les contrôles fixes de la gendarmerie nationale n’étaient plus autorisés. Et que les contrevenants s’exposent à des sanctions. Cette déclaration du Sed faisait suite à de nombreuses plaintes des transporteurs à travers leurs syndicats. Ils ont dénoncé le racket, le rançonnement et le trafic d’influence dont ils sont victimes au quotidien sur les routes. Finies donc les barrières de gendarmerie aux entrées ou sorties des villes. Finit aussi le motard qui demandait les papiers du véhicule aux chauffeurs des compagnies de transport interurbain.
Auprès de la population, les réactions sont celles de satisfaction. Dans les compagnies de transport, la nouvelle est considérée comme une libération. Pour Ahmadou, chauffeur à la compagnie la Kribienne, « il fallait parfois débourser 1500 Fcfa quand vous tombiez sur un contrôle de gendarmerie. Vous payiez en fonction du nombre de membres de l’équipe ». Si les gendarmes quittent la route, les populations espèrent cependant qu’ils seront affectés à la sécurité de proximité. « Nous sommes tous les jours agressés dans les quartiers. Si les policiers sont confinés à la circulation, que les gendarmes soient affectés à la protection des personnes. Ils ont une formation militaire. Ils sont à même de tenir efficacement tête aux bandits de grand chemin », souhaite Séverin Mwelnjel, propriétaire d’un cybercafé au quartier Omnisports.
Muriel Edjo

Vers un syndrome égyptien



Craintes. Jean-Marc Bikoko attire l’attention du gouvernement sur d’éventuels troubles sociaux.
Le président de la Centrale syndicale du secteur public du Cameroun (Csp), Jean-Marc Bikoko, a présenté ses vœux à la presse hier. Au cours de la cérémonie qui s’est tenue dans les locaux du syndicat au quartier Mvog-Ada, il a saisi l’occasion pour feuilleter les grandes actions de la Cps en 2010. Il s’est aussi attardé largement sur l’actualité en Tunisie et en Egypte.
Selon Jean-Marc Bikoko, « le Cameroun n’étant pas l’île de Robinson Crusoé et les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que l’année 2011 démarre sous de mauvais auspices. Les revendications des Camerounais sont bien connues et tout le dilatoire entretenu par le chef de l’Etat et ses « conseillers » (à travers la création le 01er février 2011 de la Mission de régulation des approvisionnements des produits de grande consommation) ne pourra pas arrêter, le moment venu, le ras-le-bol des populations camerounaises ».
Le président de la Csp précise que « depuis 10 ans, la Csp revendique le rétablissement des salaires à leur niveau de décembre 1992 et leur revalorisation de 30% pour tenir compte du coût actuel de la vie, et l’harmonisation de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour tous les travailleurs de la Fonction publique ». Jean-Marc Bikoko affirme que Paul Biya a « discrètement rallongé à 60 ans l’âge de départ à la retraite des personnels de l’administration pénitentiaire (…) de même que pour les militaires et les gendarmes (…) Excluant arbitrairement les autres fonctionnaires qui, eux, en ont clairement exprimé le besoin. Une manière de dire que tant que vous revendiquerez, vous n’aurez rien ».
Jean-Marc Bikoko interpelle donc le gouvernement du Cameroun et le président Paul Biya en particulier « par rapport à cette manière arbitraire de gouverner et qui expose notre pays aux syndromes tunisien et égyptien qui ne sont rien d’autre que la conséquence d’une gestion autocratique ».
Muriel Edjo

Décentralisation.

Des freins persistent
L’enquête 2010 sur le processus a été présentée mardi dernier à Yaoundé.

Initiée en juillet 2010, l’enquête 2010 sur la décentralisation au Cameroun fait une évaluation de la décentralisation, dresse l’état des lieux du transfert des compétences de première génération. Elle a été rendue publique mardi dernier à Yaoundé.
Du document, il ressort que la décentralisation est accueillie positivement par tous les acteurs. Les compétences et les ressources pour la mettre en pratique sont effectives. Le développement économique est la priorité des maires. Mais, ils se plaignent de l’insuffisance des moyens financiers qui freine l’exercice des compétences. Le niveau du personnel des municipalités reste aussi à revoir. Un grand nombre de maires secrétaires généraux et percepteurs ont moins que le bac. Un accent doit être mit sur la formation.
L’enquête a été menée auprès des gouverneurs de région, délégués du gouvernement, maires, secrétaires généraux de communes, percepteurs et receveurs municipaux. Elle a été réalisée par la coopération française sous la supervision de la direction des collectivités territoriales décentralisées.
Muriel Edjo