dimanche 6 février 2011

Les policiers se font discrets



Contrôles routiers. Désormais, on ne les aperçoit que le matin et le soir, lorsque la circulation est dense.
C’est la grande bousculade aux différentes routes qui conduisent au rond-point de la Poste centrale ce 31 janvier 2010. Les voitures, en grand nombre, essayent de passer l’une avant l’autre. Les feux tricolores fixés aux différentes entrées du carrefour ne sont plus vraiment considérés. Ils sont sans cesse violés par les nombreux automobilistes et piétons qui vont et viennent. Plus bas, vers la cathédrale Notre-Dame des Victoires de Yaoundé, des policiers tentent de remettre de l’ordre. Ils viennent en appui au dispositif électronique de gestion de la circulation.
Le 22 novembre 2010, Martin Mbarga Nguélé, le délégué général à la Sûreté nationale (Dgsn), a mis fin aux contrôles routiers sur l’ensemble du pays. C’était lors d’une rencontre des services centraux et extérieurs de la police. Le Dgsn s’est offusqué du comportement peu honorable de ses collaborateurs. A Yaoundé, en plus de réguler la circulation, les policiers sont revenus à des missions d’éducation et d’information. L’accent est mis sur le civisme des populations. A Biyem-Assi, les policiers du commissariat du 9ème arrondissement de Mendong sont sur le terrain dès 6h. Jusqu’à 9h, ils sont aux différents arrêts-taxis pour s’assurer que les usagers n’empruntent pas les voitures n’importe où. Ils évitent ainsi que se forme l’embouteillage. Du côté de Mvolyé, d’Olézoa ou encore du Cradat, d’autres policiers s’assurent chaque matin que la circulation reste fluide à ces endroits. Pas de désordre, une seule ligne pour tous. De temps en temps, ils arrêtent les automobilistes au niveau des passages cloutés pour permettre aux écoliers et autres piétons de traverser. Au centre-ville, les policiers que l’on rencontre orientent également des usagers dans la ville. Placée en face de l’immeuble Camtel, une vieille dame voudrait se rendre au « carrefour Régie ». Elle est vite renseignée par une jeune gardienne de la paix portant un casque blanc.
Dans la soirée, de 17h à 20h, on les retrouve encore sur la route. Ils s’assurent que les conducteurs ne créent pas de bouchons en se faufilant dans les files. Parfois, ils vont même jusqu’à improviser un cours express du code de la route aux chauffeurs désordonnés.
Gendarmerie
Comme les policiers, les gendarmes sont désormais aussi concernés par la suspension des contrôles routiers. Jean-Baptiste Bokam, le secrétaire d’Etat à la Défense en charge de la Gendarmerie nationale, l’a annoncé le 25 janvier 2011 au cours d’une sortie médiatique. Il a déclaré que les contrôles fixes de la gendarmerie nationale n’étaient plus autorisés. Et que les contrevenants s’exposent à des sanctions. Cette déclaration du Sed faisait suite à de nombreuses plaintes des transporteurs à travers leurs syndicats. Ils ont dénoncé le racket, le rançonnement et le trafic d’influence dont ils sont victimes au quotidien sur les routes. Finies donc les barrières de gendarmerie aux entrées ou sorties des villes. Finit aussi le motard qui demandait les papiers du véhicule aux chauffeurs des compagnies de transport interurbain.
Auprès de la population, les réactions sont celles de satisfaction. Dans les compagnies de transport, la nouvelle est considérée comme une libération. Pour Ahmadou, chauffeur à la compagnie la Kribienne, « il fallait parfois débourser 1500 Fcfa quand vous tombiez sur un contrôle de gendarmerie. Vous payiez en fonction du nombre de membres de l’équipe ». Si les gendarmes quittent la route, les populations espèrent cependant qu’ils seront affectés à la sécurité de proximité. « Nous sommes tous les jours agressés dans les quartiers. Si les policiers sont confinés à la circulation, que les gendarmes soient affectés à la protection des personnes. Ils ont une formation militaire. Ils sont à même de tenir efficacement tête aux bandits de grand chemin », souhaite Séverin Mwelnjel, propriétaire d’un cybercafé au quartier Omnisports.
Muriel Edjo

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